C’est une silhouette qu’on reconnaît entre mille. Le béret vissé sur la tête, un regard franc, un air à la fois désinvolte et affirmé. Symbole d’un certain art de vivre à la française, ce couvre-chef plat et rond a traversé les siècles sans jamais perdre son charme. À la fois pratique, identitaire et profondément stylé, il a su s’adapter aux époques, aux causes, et surtout aux modes. Retour sur l’histoire d’un accessoire pas si anodin.
Aux origines du béret : une coiffe populaire et fonctionnelle
Avant d’être une icône de style, le béret était surtout une affaire de bon sens. On en retrouve des traces dès l’Antiquité, sous des formes variées, portées par des bergers ou des soldats. Mais c’est dans le Sud-Ouest de la France, au cœur des Pyrénées, qu’il s’impose comme un incontournable du quotidien.
Dans les campagnes basques et béarnaises, il protège de la pluie, du vent et du soleil. Pas de chichi, que de l’utile. Fait de laine feutrée, il se moule à la tête, résiste à tout, et se transmet parfois de père en fils. Le béret devient un véritable outil de travail, aussi modeste qu’efficace.
Le béret, symbole régional et identitaire
Difficile de parler du béret sans évoquer son ancrage régional. Le Sud-Ouest, encore une fois, en a fait un emblème. Et si aujourd’hui il dépasse largement les frontières, il reste indissociable de l’identité basque. C’est un peu comme le vin ou le rugby : c’est une affaire de fierté locale.
Au XIXe siècle, l’industrialisation change la donne. Les ateliers se multiplient, notamment à Oloron-Sainte-Marie et Nay, et le béret devient accessible à toutes les couches sociales. C’est là qu’intervient la béret pour homme, un modèle aujourd’hui proposé par des maisons comme la Chapellerie Traclet, qui perpétuent cet héritage avec passion.
Un couvre-chef militaire et politique
Le béret n’a pas seulement arpenté les champs. Il s’est aussi invité sur les terrains de guerre. Adopté par les chasseurs alpins français, il est ensuite repris par d’autres corps d’armée, des commandos britanniques aux troupes de l’ONU. Son côté pratique n’y est pas étranger, mais il y a aussi une certaine allure dans cette coiffe qui épouse le crâne.
Très vite, il devient un symbole idéologique. Les républicains espagnols le portent comme un étendard. Che Guevara l’érige en icône révolutionnaire. Les Black Panthers, eux, l’utilisent pour incarner la lutte et la résistance. Le béret n’est plus un simple chapeau : il devient message.
Le béret dans la culture populaire et l’imaginaire collectif
Et ce Français avec sa baguette, sa marinière et son béret ? Oui, c’est un cliché. Mais c’est aussi une image universelle, qui fait sourire, parfois grincer des dents, mais qui reste gravée dans l’imaginaire collectif.
Au cinéma, dans la bande dessinée, dans les caricatures… le béret est partout. Il habille les héros comme les anti-héros. Il se fait tantôt élégant, tantôt farfelu. Et certaines figures ont contribué à en faire un marqueur : Picasso, Faye Dunaway dans « Bonnie and Clyde », ou encore les personnages d’Astérix. Tous l’ont porté à leur manière.
La résurgence du béret dans la mode contemporaine
Et puis un jour, le béret a quitté les musées et les photos jaunies pour faire son grand retour dans la mode. Dior, Chanel, Saint Laurent… tous l’ont revisité. Sur les podiums, il se décline en cuir, en velours, en couleurs vives ou en noir profond. Il devient audacieux, chic, un brin rebelle.
Ce qui frappe, c’est sa capacité à se réinventer. Il peut être strictement minimaliste ou outrageusement stylisé. Il habille une tenue classique ou donne du mordant à un look urbain. Le béret d’aujourd’hui n’est plus celui d’hier, mais il en conserve l’âme.
Béret et artisanat d’aujourd’hui : entre tradition et modernité
Derrière le renouveau du béret, il y a aussi le retour d’un certain goût pour l’artisanat. Les consommateurs cherchent du sens, du durable, du local. Et ça tombe bien : le béret, c’est tout ça à la fois.
Des marques françaises comme Laulhère ou Maison Michel misent sur des matières nobles, des gestes précis, et une vraie histoire à raconter. Chaque pièce devient presque unique. On n’achète plus un accessoire, on adopte une part de patrimoine. Une façon aussi de résister à la fast fashion avec élégance.
Conclusion : Le béret, un emblème culturel devenu universel
On l’a vu dans les champs, sur les fronts, dans les rues de Paris et les ruelles de Bilbao. Le béret a tout connu, ou presque. Des gloires modestes, des engagements forts, des looks pointus.
Il ne s’est jamais contenté d’être joli. Il raconte, il affirme, il interroge parfois. Accessoire discret ou signature forte, il a cette capacité rare à traverser le temps sans prendre une ride.
Le béret n’est pas mort. Il est vivant. Et plus que jamais dans l’air du temps.



